Quatre jours après l’arrestation du pédophile Phylip St-Jacques à son domicile de Blainville, TC Media a pu s’entretenir avec 5 mères victimes du présumé récidiviste dont une résidant à Verdun. Ces dernières font le constat que l’homme utilisait le même stratagème que lors de sa première arrestation en 2014.
Nathalie (nom fictif) est mère de deux garçons de 17 et 2 ans. Elle a commencé à échanger avec Phylip St-Jacques sur un groupe de jardinage sur Facebook en juin. Identifié comme étant autiste, St-Jacques a attiré l’attention de la mère de famille dont un enfant est en attente de diagnostic de troubles envahissants du développement.
C’est le 26 juillet que le signal d’alarme a sonné chez Nathalie alors qu’une autre mère membre du même groupe l’a contacté en privé sur le réseau social et lui a demandé si une photo d’un enfant utilisée par St-Jacques pourrait en être une de son fils.
«Il se servait des photos de mon fils pour amadouer d’autres mamans!», a alors constaté avec surprise la résidente de Lanaudière.
Sonner l’alarme
Michèle (nom fictif) est la personne qui a contacté Nathalie. Mère de trois enfants de 5, 3 et 1 an, elle avait aussi été approchée par le criminel sur Facebook. Le trouvant envahissant, elle décide de parler de la situation à une amie qui était aussi en communication avec St-Jacques. «En comparant nos conversations, j’ai réalisé qu’il nous disait la même chose.» Elle a cherché sur internet le prénom «Phylip» avec la mention «pédophile». «Tout de suite, plein d’articles sur son cas sont apparus.»
Modus operandi
Selon les témoignages recueillis par TC Media, le pédophile procédait d’une manière bien établie pour approcher ses victimes.
Il développait d’abord un lien d’amitié avec une mère via Twitter ou Facebook. À l’aide de photos d’enfants prises sur les profils des autres mères, il feignait d’être en train de garder un jeune garçon. Il demandait alors de l’aide aux mères pour savoir comment laver le pénis de l’enfant, sollicitant des photos et des vidéos.
Pour le psychologue Hubert Van Gijseghem, spécialisé en matière d’agressions sexuelles, «pour gagner la confiance des mères, il y a eu discernement et stratégie élaborée» de la part de St-Jacques.
Selon le spécialiste, il n’est pas rare de voir un criminel atteint d’une maladie, comme Phylip St-Jacques avec l’autisme, utiliser cette dernière pour justifier ses agissements. «Un diagnostic donné dans le passé peut être présenté comme une excuse sociétale», précise le Dr. Van Gijseghem tout en soulignant qu’un autiste peut être responsable criminellement, à moins d’être «non-fonctionnel»
«C’était sûr que ça allait arriver»
Informée des récents agissements du pédophile sur les réseaux sociaux, une mère ayant participé à l’enquête menant à l’arrestation de St-Jacques en 2014 n’a pas semblée surprise.
«C’est plate mais c’était sûr que ça allait arriver», tranche Karine, une femme de Verdun mère de trois enfants de 7, 4 et 3 ans.
Même à cette époque, Phylip St-Jacques amadouait ses victimes sur les réseaux sociaux. Dans le cas de Karine, c’est sur Twitter que se sont déroulées les conversations.
«C’était mon confident, comme mon petit frère, on se parlait des heures chaque soir. Il savait offrir de l’écoute et du réconfort. Il était même vraiment drôle. Il savait me faire rire et me changer les idées de ma routine de maman qui ne sortait pas beaucoup».
TC Media s’est entretenu avec deux autres femmes dont les propos rejoignaient ceux des trois mères citées dans cet article.
L’identité des cinq femmes ne peut être révélée car elle est liée à une enquête en cours ou passée.
Phylip St-Jacques sera de retour devant les tribunaux le 11 août pour son enquête sur remise en liberté.
Il demeure détenu d’ici là.
Lors de son premier procès, il a été notamment reconnu coupable de possession, distribution et de production de pornographie infantile.
St-Jacques fait actuellement face à 11 chefs d’accusation semblables.
