Les adolescents d’orientation ou d’identité sexuelle différentes sont trop souvent victimes d’intimidation et sont presque cinq fois plus nombreux que leurs pairs hétérosexuels à commettre une tentative de suicide, selon l’organisme Egale. Devant ces chiffres troublants, Natalie Miron ne pouvait rester les bras croisés. C’est grâce à elle que l’organisme Parapluie arc-en-ciel LGBTQ a vu le jour.
Une fois par semaine, des élèves de l’Académie Beurling se rassemblent dans la salle Arc-en-ciel pour le dîner. Ils sont lesbiennes, gais, bisexuels, transsexuels, queer (LGBTQ+) ou simplement des alliés, des amis hétérosexuels qui les acceptent tels qu’ils sont et qui sont prêts à les écouter, à les défendre.
«Le premier objectif était de créer un safe space, un endroit où ils ne se sentiraient jamais jugés», raconte Mme Miron.
Après avoir assisté à une conférence sur le sujet l’année dernière, elle a réalisé qu’il n’y avait aucune ressource pour ces jeunes à Verdun. Même sur l’île de Montréal, celles qui existent oeuvrent principalement en français.
Elle a donc contacté Mary Ann Davis, commissaire de la Commission scolaire Lester-B.-Pearson, ainsi que le directeur de l’Académie Beurling, Alix Adrien, pour mettre sur pied son projet.
Milieu en transformation
Depuis, l’atmosphère de l’école a beaucoup changé. «Il y a de plus en plus de personnes qui sortent du placard, surtout parce qu’on sent qu’il y a tellement d’acceptation. Ils n’ont plus peur. Et ceux qui les auraient intimidés avant n’osent plus parler, parce que c’est eux qui se feraient sauter dessus», assure Jade Swan, une adolescente de 14 ans.
Dans le groupe, Jade est une des alliés. Elle a décidé de s’impliquer pour créer un environnement plus positif pour sa petite sœur de 10 ans, qui est transsexuelle.
«C’est juste tellement plus facile de vouloir être nous-mêmes maintenant. On se sent moins seuls», confirme Zoé Gauthier, pansexuelle. Comme deux de ses amis, elle a raconté ouvertement son coming out devant une vingtaine de personnes rassemblées mercredi au Centre communautaire Dawson pour soutenir les jeunes de la communauté LGBTQ+.
Exemple à suivre
«Quand je vous écoute raconter vos histoires et l’attitude d’ouverture qu’ont eue vos parents face à votre orientation sexuelle, ça m’émeut énormément. Votre courage de vous montrer tels que vous êtes à un si jeune âge est inspirant», a souligné Mary Ann Davis, qui est également présidente du conseil d’administration de Parapluie arc-en-ciel LGBTQ.
Mme Davis n’a pas eu leur chance. Chassée par son père quand elle lui a avoué son orientation, elle a longtemps été activiste pour la communauté gaie. «On a parcouru tellement de chemin depuis cette époque», ajoute-t-elle.
La situation continue d’évolue, comme en témoignes les nombreux projets de l’organisme pour rayonner jusque dans les écoles primaires.
Des bancs peints aux couleurs de l’arc-en-ciel, des «buddy benches», seront installés comme espace refuge pour ceux qui auraient besoin de parler ou d’être soutenu. Certains élèves du groupe iront même faire la lecture de contes LGBTQ dans des classes du primaire.
Des écoles ont déjà démontré leur intérêt à accueillir Parapluie arc-en-ciel LGBTQ dans leurs locaux. Mais avant d’envisager une expansion, Natalie Miron doit s’occuper du financement, qu’elle devrait bientôt obtenir de l’arrondissement de Verdun, avec la reconnaissance de son organisme.